Vestiges d'un artisanat prospère

Du XIV au XIXème siècle fonctionnaient des fabriques de verre (les verrries) dans la vallée de la Cère et notamment près du village de Lacoste. Elles se situaient toutes près de la rivière. En effet, pour faire du verre, les verriers avaient besoin de tout ce qui les entourait : du bois pour le feu, du sable et des fougères pour la fabrication du verre et la rivière était utilisée pour faire circuler le bois ou pour transporter le verre à vendre.

 

Les familles qui possédaient ces verreries se nommaient les De Grenier, De Riol, et De Colomb. Chaque famille formait une sorte de clan et seuls les mariages entre clans pouvaient être organisés afin d’éviter l’intrusion d’une personne extérieure. Les verriers étaient nobles et passaient pour riches ce qui suscitait des convoitises. Ainsi, ils avaient droit de porter l’épée et l’emplacement de la verrerie était toujours choisi de telle façon qu’il était défendu facilement.

   

Dans les verreries, chaque personne avait un travail spécifique : le tiseur s’occupait du feu, les souffleurs créaient les objets en verre… Lorsqu’on allumait le feu dans le fourneau, la campagne commençait. Tous les maîtres verriers se regroupaient autour du four assis sur des banquettes pour réaliser divers objets exceptés le verre à vitre et la bouteille en verre noire car cela manquait d’élégance. Ils préféraient réaliser de fins gobelets, des coupes enchanteresses, des carafes ouvragées, des articles pour les besoins de l’église tels que les burettes ou des lampes de sanctuaires. Ils travaillaient aussi pour les pharmacies en leur fournissant des fioles et pour le grand public avec des vases à confiture.

 

Chaque verrerie avait sa clientèle de marchands verriers qui battaient la campagne, tout à la fois ramassant les verres cassés et vendant la marchandise nouvelle sortant des ateliers. Les marchands verriers quémandaient, de porte en porte, le verre cassé qu’ils achetaient à raison de 0,05 centimes le kilo. Dans les foires et marchés, ils écoulaient leurs marchandises, transportées à dos d’âne, bien enveloppées dans du foin afin d’éviter la casse. Leurs principaux débouchés étaient Laroquebrou, Argentat, Beaulieu, Sousceyrac,…

   

Dans les verreries de la Cère, on travaillait une partie de la nuit, il n’y avait d’interruption que de 18 heures à minuit, tous les jours de la semaine sauf le dimanche où seul le tiseur se contentait d’alimenter son feu.

 

Une fois tout le bois de la forêt épuisé ou lorsque la campagne était terminée, le doyen des verriers éteignait le four au cours d’une cérémonie. Toute cette activité se transportait à un autre atelier déjà sous les feux en attendant, pour la prochaine campagne, la résurrection du mort qui n’était qu’endormi !

   

Coutume de mariage

Les mariés se rendaient de la Coste à Goulles à pied. Lors des mariages, une coutume s’était établie autour de la mariée : la mariée soufflait dans un verre qui devait être ensuite rempli de vin destiné aux ouvriers. Pendant qu’elle soufflait, la mariée recevait un coup de coude de son père qui lui disait de ne pas le faire trop grand car plus il était grand plus il contenait de vin.

 

 

Secrets de médecine des verriers

 

Mal aux yeux :
Prenez sur une once d’eau demie dragme ou 1/6 d’once de vitriol blanc et autant de sel de cuisine purifié et bien blanc. Laissez fondre et lavez les yeux le soir en vous couchant.

 

Fièvre :
Prenez une petite poignée de la suie de la cheminée de la cuisine celle qui est pétrifiée et qui ressemble à du grain. Pilez la bien, ajoutez y la moitié de sel de cuisine, pilez le tout ensemble. Prenez une petite poignée de sauge, macérez la avec cette suie et ce sel, puis faites en une pâte un peu dure avec du vinaigre fort. Puis battez 1 ou 2 blancs d’œufs que vous ajoutez à cette pâte. Roulez-la dans deux morceaux de linge et mettez en un à chaque poignet au commencement. Lacez les et gardez 8 jours.